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« La salamandre et les deux cavalières » d'Emile TURBET
Titre : « La salamandre et les deux cavalières »
Auteur : Émile TURBET
Genre : Roman
Éditions : Librinova (ebook)
Année : 2016
Nombre de pages : 132Résumé :
La douce Haremburgis et sa dame de compagnie Dame Lambert écument les routes à la recherche du bel Enguerrand, enlevé par des brigands. Au fil de leur périple, elles rencontrent une vieille femme, un aveugle, un noble, une petite fille et bien d’autres personnages. Chacun narre une fable, une histoire, ou un conte, qui sème des indices afin de retrouver Enguerrand.
Haremburgis et Dame Lambert parviendront-elles à le rattraper ? Ont-elles eu raison de se lancer dans cette quête ?
Mes impressions :
Je tiens à remercier Mathieu MAZZA des éditions Librinova pour cet envoi gracieux.
Le titre donne un indice quant au contenu de ce court livre rempli de sagesse et de philosophie.
La salamandre possède la capacité de régénérer certaines parties de son corps après amputation. Ce livre fait référence à une quête, celle d'une femme qui part à la recherche de son amoureux avec sa dame de compagnie, et en reviendra transformée, bonifiée.Les deux cavalières partent sur les routes à la recherche du bien aimé de Haremburgis, enlevé par des brigands. Elles croiseront des personnages singuliers qui rapporteront ne pas avoir vu l'amoureux. En s'apercevant de la déception d'Haremburgis, ils narrent chacun une légende.
Le premier personnage qu'elles rencontrent est une vieille femme au fagot, elle leur parle de la politesse et du respect et retrace la vie de la « Dame au baudet ».
Elles vont croiser la route d'un mendiant, aveugle qui leur raconte « La légende de la lune descendante », il évoque alors les peurs de chacun et pourquoi la maîtrise de nos craintes est essentielle.
Ensuite, au détour d'un chemin, elles se retrouvent face à un homme crapaud assis sur un rocher, qui leur livre la « Légende de la salamandre ». L'attitude de la salamandre, a comme seul but de se maintenir en vie ; sa seule distraction est l’accouplement sans plaisir. Sa conduite a t-elle un sens ?
En traversant, un village déserté, elle y croise un prisonnier, il va leur présenter « La légende de la Saint Nicaise l'inondé » qui fait référence aux caprices de la nature face auxquelles nous sommes tous égaux.
Et puis il va leur signifier que la mort est un passage obligé pour tous, elle n'est pas aléatoire.
Un chevalier masqué, leur expose « La légende du chevalier sans âme ». Cet homme se laisse guider et attirer par une voix mi fée, mi sorcière, et se perdra dans les bois.
Un châtelain solitaire, leur conte « La légende de l'aigle pêcheur » qui rappelle le devoir de respecter les différentes personnalités des enfants dans l'éducation....
Par la suite les deux cavalières vont être poursuivies par des loups, elles s'arrêtent près d'une chaumière dans laquelle vit le Baron Foulque, il leur révèle alors « La légende de l'enfance de la terre », et par là même, la création des hommes par la déesse Mère Oniro, il aborde l'injustice et la jalousie.
Une veuve qui souffre de l'absence de son époux retrace « La légende du pont du salut », cette fable cite l'importance de la valeur des choses et celle de l'aide que l'on peut apporter à des tiers dans le besoin.
Un moine leur confie « La légende du Mont Maudit ».
Au détour d'un chemin, un voleur attaché à un arbre se montre implorant et c'est alors la Dame Lambert qui explique « La légende de Mange-Fer le forgeron ».
Puis un troubadour, leur enseigne « La légende d'Adelaïde » qui aborde la simplicité de la vie et savoir être reconnaissant de ce qu'elle apporte à chacun d'entre nous.
Ce troubadour les amène dans une foire, où une femme et sa fille vont leur narrer « La légende des 12 filles du fleuve ».
Pour finir, un sage ermite va révéler à Haremburgis la juste réalité de sa quête....
Toutes ces légendes ont un point en commun mais lequel ?Dans ce roman singulier où l'auteur situe l'intrigue dans une période médiévale, il nous emmène également à réfléchir sur le sens caché des événements.
Je le perçois avant tout comme un roman philosophique qui parle de quête personnelle, sur fond d'enseignement et de moralité.
Au fil des pages, l'auteur de façon extrêmement judicieuse, amène le lecteur à s’interroger sur le sens de la vie et sur le partage des valeurs morales.
Il y a de nombreuses métaphores couplées de dialectiques. Pour parvenir à cet exercice de style, l'auteur intègre des messages d'éthiques universels et contemporains. Qui se vérifient à chaque époque.L'histoire se passe, au moyen âge, en 1100 mais nombreux passages s'étendent à la société actuelle.
L'ancien et le contemporain se mêlent pour notre plus grand plaisir.L'auteur évoque la société, la disparité des populations (riches et pauvres), la jalousie, l'avarice, la convoitise, la curiosité, la luxure, la richesse, l'orgueil.....
Le style est issu des manières courtoises et chevaleresques de s'exprimer. Il est donc soutenu, en moyen et ancien Français.
Les histoires restent intemporelles, car elles sont remplies de métaphores qui s'appliquent encore aujourd'hui. Elles intègrent des personnages connus de légendes.
Ces allégories sont universelles et donnent à réfléchir.La fin est assez lisse et je le regrette mais avec le recul ne dit-on pas que ce qui compte c'est le chemin et non l'issue ?
Le monde nous apparaît parfois complexe et injuste, a t-il un sens ? à nous de découvrir lequel.
Un livre à découvrir pour son originalité, la justesse et la profondeur des messages qu'il transmet.
Tags : Quête, moyen-âge, légende, morales, contes, philosophie.
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Commentaires
S'agit-il d'"Haremburgis qui tint le Maine" de la ballade de Villon ?
En tout cas, cette note de lecture retient l'attention : tous ces contes remplissent leur fonction d'étonner et de plonger dans la réflexion... Si tu l'as toujours, j'aimerais que tu me le prêtes à notre prochaine rencontre.
Coucou Dona,
Je ne sais pas s'il s'agit du même personnage, à aucun moment il n'est cité la ballade de Villon.
Oui c'est un livre que je possède...donc ...
Bises