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Par Sudisine le 25 Juillet 2021 à 14:48
Titre : « Les saveurs de la vie »
Auteure : Maeve BINCHY
Genre : roman
Editions : Pocket
Année : 2015
Nombre de pages : 894Résumé :
Depuis leurs études à l'école hôtelière de Dublin, Cathy Scarlet et Tom Feather partagent le même rêve : devenir les meilleurs traiteurs de la ville. Pleins d'enthousiasme et de talent, ils ont trouvé le local et l'emplacement idéaux, mais les deux amis ne sont pas au bout de leur peine. Leur entourage semble s'être ligué pour les détourner de leur entreprise. Ainsi Neil, le mari de Cathy, écologiste engagé, s'est mis en tête d'impliquer sa femme dans ses combats. Quant à Hannah, la mère de Neil, elle n'a toujours pas digéré le mariage de son fils avec la fille de sa femme de ménage. Et Tom n'est pas mieux loti avec ses parents toujours persuadés qu'il va reprendre l'entreprise de maçonnerie familiale...
Mes impressions :
J’ai beaucoup aimé ce roman, il est à l’image de tous les romans de Maeva Binchy. Des histoires singulières mais qui nous parlent, car nous pouvons souvent nous identifier à certains des personnages.
Ici il y a le côté humain, familial, amical et amoureux qui prend tout son sens.
Les personnages sont riches et vrais, les situations sont nombreuses et souvent délicates. L’auteure nous parle de la vie, des joies, des peines, des difficultés, d’espoir.Muttie le père de Cathy est un homme qui joue aux courses, ce qui ne plait pas du tout aux beaux parents de Cathy. Lizzie la mère de Cathy, est une femme de ménage qui a jadis travaillé pour Hannah Mitchell, femme bourgeoise, dont le fils Neil est tombé amoureux de Cathy. Hannah voit cette union d’un très mauvais œil car les deux familles ne partagent pas les mêmes valeurs et leur rang social est différent. Ils viennent d’un monde guindé. Ils sont riches et connus alors que la famille de Cathy appartient à la société moyenne. Jock le mari d’Hannah est moins regardant et ne se soucie pas trop de ce décalage, d’ailleurs dans le roman il est discret et l’auteure y accorde peu de place.
Cathy est associée à Tom. Après leur formation en école Hôtelière, ils aimeraient ouvrir un restaurant à eux, et finalement ils créeront une entreprise de traiteur. Il y aura d’ailleurs, beaucoup de tension entre les Mitchell et les Scarlet.
Marcella la petite amie de Tom , travaille dans un institut de beauté, son rêve et de devenir mannequin et ne pense qu’à sa carrière, malgré leur fort amour respectif, ils vont finir par se détacher…le fossé se creuse entre eux.Nous faisons la connaissance également du fils ainé de Jock, Kenneth et de Walter neveu de Jock, fils ainé de Kenneth son frère… Ce dernier est une homme opportuniste, intéressé et qui va créer bien des soucis à la famille Scarlet. Ainsi que de Maud et Simon, 9 ans, les enfants de Kenneth et sa femme Kay qui a un souci avec l’alcool et qui de nature dépressive. Les jumeaux vont apporter un peu de vie dans celle de Cathy même si Neil n’est pas très enthousiaste à l’idée de s’occuper d’eux lorsque le juge les confiera à Lizzie et Muttie, le temps que leurs parents retrouvent un équilibre …..
Ces deux enfants ont une place importante dans le roman et apportent un peu d’innocence.Shona Burke est cadre chez Haywards, nous allons au fil des pages, comprendre le lien qu’elle a entre James Burke le comptable qui est à l’origine de la vente des locaux qui vont servir à l’entreprise de Cathy et Tom et qui deviendra par la même occasion leur comptable.
Les parents de Tom, JT et Maura Feather sont très proches de leurs enfants. JT aurait aimé que leurs fils Tom et Joe prennent le relais de son entreprise de maçonnerie mais ils prendront une autre direction professionnelle.
Et puis Géraldine la tante de Cathy est une personnage haut en couleur qui est également une femme opportuniste, qui aime l’argent et qui se fait entretenir mais elle m’a émue car derrière son attitude se cachent de profondes blessures émotionnelles et sentimentales.
Et puis il y en a bien d’autres….Sarah, June, Conrad…..
Tout ce petit monde se croise et se recroise , et nous construise une belle histoire faite de rencontres, d’espoirs, de déceptions, de séparations, de retrouvailles. Tout ce qui fait la vie et ses saveurs.
Il y a des personnages secondaires qui ont également leur rôle à jouer dans le déroulement de cette histoire.
Chaque chapitre raconte un mois de vie de ces personnages sur une année.
L’auteur ainsi traite de sujets que nous connaissons tous, la routine dans le couple, l’éloignement affectif, la carrière qui est plus importante que le reste, les relations instables, ou plus profondes qui s’étiolent, les relations familiales compliquées, des personnalités qui se jalousent, les non-dits etc etc.Ceux qui me connaissent savent que j’apprécie ce genre de bouquins dans lesquels les relations humaines et intrafamiliales ont une place de choix et occupent la majeure partie du livre.
Tous les livres de Maeve Binchy s’apparentent à celui-ci. Elle y fait régner une ambiance que nous connaisssons tous, qui nous rappelle notre propre vie ; qui y fait écho car nous traversons tous des périodes qui se ressemblent. Des périodes qui ne sont en fait que les aléas de la vie.
Les lecteurs et lectrices qui apprécient des histoires vraies et authentiques seront sans doute touchés par celle-ci. D’autant plus qu’elle est très bien écrite, l’écriture est fluide, le style est agréable.
J’ai passé avec ce roman un réel moment de bonheur estival, je le recommande.
Un livre parfait pour la plage !
2 commentaires -
Par Sudisine le 28 Mai 2013 à 10:33
Titre: « Une vie »
Auteur : Guy de MAUPASSANT
Genre : Roman / Classique
Éditions : le livre de poche
Année : 1978
Nombre de pages : 338Quatrième de couverture :
Jeune fille unique très choyée du baron et de la baronne Le Perthuis des Vauds, avait tout pour être heureuse. Son mariage avec Julien de Lamare, rustre et avare, se révélera une catastrophe. Sa vie sera une suite d'épreuves et de désillusions.
Ce roman, le premier de Guy de Maupassant, est une peinture remarquable des mœurs provinciales de la Normandie du XIX ème siècle : Hobereaux, domestiques, paysans sont décrits avec beaucoup de réalisme.Mes impressions :
Au sortie du couvent, cloîtrée depuis des années, par son père le Baron Perthuis des Vauds qui la fait sortir à 16 ans pour parfaire son éducation; paré de bon sentiments, il souhaite l'ouvrir à la vie, à la tendresse des animaux et des lois sereines de la vie... arrive dans un château au côté de sa mère, baronne Adélaïde malade en embonpoint et de sa fille de chambre Rosalie, sœur de lait de Jeanne.
Elle découvre un lieu de vie fort agréable et rempli de promesses...
Elle espérera le grand amour, celui qui lui fera vibrer son cœur et s'imagine finir sa vie paisiblement auprès de 2 enfants, garçon et fille et d'un mari aimant.
Quatre mois après son arrivée après, elle fait la connaissance par l'intermédiaire du curé, de M. le Vicomte de Lamare...Une tendre affinité se tisse entre eux et un mariage est prévu par ses parents dans les mois suivants.
Mais Jeanne ne connaissant rien de la vie amoureuse, ayant toujours été protégée par ses parents, se confrontera à le dure réalité et découvrira un mari brutal dès la première nuit de noce....
Après leur voyage de noce en Corse, de retour « Aux peuples », il devient un étranger, il se laisse aller, ne se rase plus et ne s'habille plus noblement...le temps passe et Jeanne ressent de l'amertume, de la douleur en elle même....les désillusions s'accumulent...
Son mari devient de plus en plus avare, vis à vis d'elle même, de ses toilettes, mais aussi eu égard leurs besoins alimentaires ou des personnes à leur service au château.
Elle découvre un jour de grand froid les infidélités de son mari avec la bonne qui sera renvoyée...Jeanne se sent perdue, elle est confrontée à la dure réalité de la vie et de sa condition de femme. Elle « pleure » sur un bonheur perdu; sur les idées qu'elle se faisait du bonheur.
Mais elle devient mère et là elle vivra au travers du besoin et du désir de son enfant, Paul, qu'elle chérira de toutes ses forces. Il sera celui qui lui redonnera goût à la vie. Il est l'enfant qui la rend heureuse et qui lui permet de supporter son désespoir.
Un nouveau curé viendra dans la région, avec des convictions sévères, bien particulières.
Le père de Jeanne, sera d'ailleurs en forte opposition avec lui.
Plus tard, le décès de sa mère la plongera dans un abîme sans fond que seul un second enfant, pourra la retirer...mais le destin s'acharne, elle perdra son mari dans des circonstances d'adultère et par la même, elle donne naissance à un enfant, une fillette morte-née...
Alors le temps aidant, elle se dévouera corps et âme à l'éducation de son fils Paul, qui sera aux bons soins auprès de son grand-père la baron, la servante et de Lison....mais loin de l'éducation d'un jeune homme ordinaire. Il n'ira que très tard à l'école et sera étouffé par la présence de sa famille...il grandira trop choyé.
Jeanne protégera de trop ce garçon tant chéri et celui-ci aura de mauvaises fréquentations, il s'éloignera de plus en plus d'elle pour faire sa vie à Londres, puis à Paris ; une vie certes bien dissolue. Mais Jeanne acceptera ses écarts de conduite car elle se sent seule et souffre de son absence; il lui échappe alors fera ce qu'elle peut pour le garder même si sa conduite de mère est inappropriée face à un fils qui n'est pas très reconnaissant.
Elle sera du reste jalouse de la fille que fréquente son fils, tant sa possessivité est grande.
Les années s'accumulent, elle perdra tour à tour, son père, sa tante Lison et Rosalie, apparaîtra de nouveau avec son fils, Denis, qui est en fait le demi-frère de Paul.
Rosalie tentera d'aider sa patronne, et essaiera de reprendre les affaires familiales en main ainsi que les finances de Jeanne; elle lui suggérera de vendre le château, « Les peuples », ce qui permettrait à cette dernière de vivre assez sereinement, d'un point de vue financier, le restant de ses jours...
Mais Jeanne, vieillit et a du mal à quitter le château de son enfance et de sa jeunesse, de quitter son pays mais elle s'y résolue grâce aux sages pensées de Rosalie....
Le déménagement en Havre dans une petite maison dans laquelle logera aussi Rosalie, se passe dans la douleur et les rêveries, des jours passés et heureux.
Paul son fils lui écrit et lui réclame sans cesse de l'argent pour payer ses dettes, et Rosalie toujours avec sagesse, lui apprendra à dire non à ce fils qui du reste promet son retour en vain....
Jeanne alors, décide d'aller le retrouver à Paris pour le ramener et lui faire entendre raison mais la quête sera longue et douloureuse, elle erre de rue en rue sans résultat...alors, elle retourne dans sa maison... elle dépérit de jour en jour, se laisse aller à son amertume, à ses délires, elle devient dépressive malgré sa bonne qui tente de l'aider et de lui apporter conseils avertis ...Les jours, passent et elle écrira une ultime lettre à son fils, lui demandant de revenir vers elle qui se meurt....Ce roman est riche de sentiments et descriptions poétiques et détaillées de la campagne et de ses paysages.... le destin de Jeanne est pluvieux comme la Normandie.
Ce roman décrit la vie de Jeanne, enfermée dans un conformisme, un monde fait de préjugés.
Sa sensibilité sera bafouée, de même ses désirs, sa confiance en elle, en la vie.
Le code social dans lequel elle est établie ne laissera aucune place à son bonheur et à sa liberté individuelle; elle subit passive son destin certes cruel.
L'idée de la religion sera fortement développée...
Jeanne au fil du temps, prend conscience de la triste réalité de la vie et surtout de l'inconstance des choses, des événement, des êtres et de l'amour. Elle sent bien que les gens ne sont qu'hypocrisie, Seule la beauté de la nature, l'aidera parfois à reprendre courage.
Elle, si droite et si aimante, dotée d'un cœur simple, ne comprendra pas les trahisons de son époux et de ses ami(e)s; de même que certains agissements de ses parents.
J'ai été très touchée par la description de la vie de sa tante Lison, et de la place que lui donne sa famille dans laquelle elle se rend de temps en temps ... Elle n'existe pas aux yeux des autres...elle est là, effacée; comme un meuble à qui l'on accorde que peu ou pas d'importance.
Ainsi Maupassant évoque la condition de cette jeune fille Jeanne, mal mariée; qui subira sa vie plus que ce ne qu'elle ne la vit. Elle perdra son identité au fil des années. Elle ne parviendra pas à s'adapter au réel qui l'attend à l'âge adulte, tant elle était enthousiasmée et emplie de rêves à sa sortie du couvent. Elle sera tour à tour anéantie, résignée, quelque fois naïve, mais aussi parfois dans l'espérance, surtout au niveau du retour du fils « prodige », vers la fin du roman.
L'adultère, la tristesse, la mort, la religion, le conformisme sont reflétés dans ce roman si triste.
Une vie gâchée, « vide », sans vraiment l'être, car Jeanne connaîtra des événements importants, mais bouleversants qui la laisseront sans force, anéantie...elle, vit passive, parfois avec difficulté et reste souvent inconsolable.
Ce roman est la narration d'une existence qui aurait pu être belle, mais qui ne l'a pas été. Tout, au départ semblait sourire à Jeanne, puis petit à petit sa vie s'enlise dans des répétitions que Maupassant aiment à décrire et à signifier pour peut-être faire réapparaître la viduité des choses. Il s'appesantit, sur le tragique; sans toutefois s'y complaire.
Un roman qui se lit et se relit, toujours; qui nous donne à réfléchir aussi sur les conditions de vie de ce XIX ème siècle et des stéréotypes.
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