• « L’enfant qui mesurait le monde » de Matin ARDITI

    Titre : « L’enfant qui mesurait le monde »
    Auteur : Metin ARDITI
    Genre : Roman
    Éditions : Grasset
    Année : 2016
    Nombre de pages : 293

    Quatrième de couverture :

    À Kalamaki, île grecque dévastée par la crise, trois personnages vivent l'un près de l'autre, chacun perdu au fond de sa solitude.
    Le petit Yannis, muré dans son silence, mesure mille choses, compare les chiffres à ceux de la veille et calcule l'ordre du monde. Maraki, sa mère, se lève aux aurores et gagne sa vie en pêchant à la palangre. Eliot, architecte retraité qui a perdu sa fille, poursuit l'étude qu'elle avait entreprise, parcourt la Grèce à la recherche du Nombre d'Or, raconte à Yannis les grands mythes de l'Antiquité, la vie des dieux, leurs passions et leurs forfaits...
    Un projet d'hôtel va mettre la population en émoi. Ne vaudrait-il pas mieux construire une école, sorte de phalanstère qui réunirait de brillants sujets et les préparerait à diriger le monde ?
    Alors que l'île s'interroge, d'autres rapports se dessinent entre ces trois personnages, grâce à l'amitié bouleversante qui s'installe entre l'enfant autiste et l'homme vieillissant.

    Mes impressions :

    Dès le premier chapitre, nous faisons la connaissance de Yannis, et de sa mère Maraki. Elle lui apprend à nager. Nous sommes sur les îles Grecques, Yannis est autiste, sa mère est remplie d’amour pour lui. Dans le même chapitre, nous rencontrons Éliot, 60 ans, il vivait à New-York. Il y a 12 ans les autorités le contactent pour lui dire que sa fille Evridiki est décédée. Il part l’enterrer en Grèce, là où elle travaillait. Elle était architecte comme son père et s’intéressait à la création d’une école philosophique. Elle envisageait la réalisation d’un amphithéâtre. Une fois en Grèce, il se penche sur le nombre d’or, ce nombre qui est la clé de l’art antique et de sa magie, ce nombre dont se servent les architectes pour construire avec harmonie et sécurité… Éliot,décide de rester en Grèce pour continuer de travailler sur le projet de sa fille qui étudiait les vestiges des théâtres.
    De nos jours, Yannis et sa mère séparée d’Andréas le père de Yannis et maire de la ville, se démène pour que son fils ne manque de rien.
    Le père de Maraki vient de mourir, c’est lui qui prenait soin de Yannis, lorsqu’elle part en mer, pêcher, c’est son métier….
    Kosmas le prêtre de la ville demande à Éliot d’emménager dans la maison d’à côté de celle de Maraki et de s’occuper de Yannis la nuit lorsqu’elle est en mer. Il accepte et fait donc la rencontre avec cette famille peu ordinaire.
    Maraki a des difficultés relationnelles avec son enfant compte tenu de sa maladie. Il refuse les contacts physiques, pique des colères dès que l’angoisse se fait ressentir. Il est autiste mais à force de courage, de volonté, de compréhension et de douceur, Éliot va parvenir lentement à l’apprivoiser.
    Yannis ressent les émotions des autres c’est pourquoi il met en place des rituels qui le rassurent, ils comptent les clients du bar, l’arrivée des bateaux, la pêche du jour en kilos… Éliot lui apprendra à faire des pliages pour tenter de lui faire maîtriser les situations qu’ils ne contrôlent pas…et va même jusqu’à envisager de lui apprendre à lire et écrire.
    Cet enfant est aimé et apprécié des habitants de la ville au point qu’ils vivent à son rythme.
    C’est alors qu’un projet d’implantation d’un grand hôtel luxueux Le Péricles Palace, est envisagé par la Mairie, ce serait l’opportunité pour l’île de faire venir des touristes, et de relancer l’économie vacillante….
    Qu’adviendra-t-il ? Que vont décider ceux qui sont à la tête de la ville ? Faut-il privilégier le rendement en attirant des vacanciers étrangers riches ou bien continuer de protéger et conserver la beauté de cette réserve sauvage, la beauté de cette île, sa culture  ? 

    Ce roman m’a dépaysée, il m’a permis de voyager, de voir une autre culture, et de me faire découvrir quelques affres historiques sur la Grèce. J’ai beaucoup appris sur l’Asie Mineure notamment sur les Grecs d’Istanbul chassés d’Asie Mineure, mais aussi sur la dictature des colonels.
    J’y ai trouvé également de nombreuses références instructives à la mythologie Grecque Antique.
    Pourquoi j’ai aimé cette histoire ? Encore trop souvent de nos jours, il y a de l’incompréhension, et du rejet face aux personnes différentes. Yannis compte pour se rassurer, pour se tenir loin du chaos du monde, il est enfermé dans le sien et pourtant nous allons découvrir que les deux mondes se côtoient étroitement.
    Les personnages sont attachants, Éliot et Maraki sont tout en tendresse et affection pour Yannis.
    Son père Andreas ne vit plus avec eux mais nous sentons qu’il reste présent et à aucun moment l’auteur ne pose un regard péjoratif sur les personnages. Il reste neutre.
    Il y a dans ce roman, une vraie histoire d’affection, d’amitié, d’amour, mais aussi de politique, d’instruction, de culture.
    Il y a sous couvert d’une lutte politique, des enjeux familiaux et des conflits d’intérêts. Cette histoire est un symbole, celui du lien et surtout de la rencontre entre des entités distinctes qui sont opposées et éloignées.
    C’est une histoire, remplie de tendresse, d’humilité, d’humanité, elle est respectueuse des gens et des lieux.
    Yannis est touchant. Malgré sa singularité il est accepté de tous, c’est une belle leçon de courage et de tolérance.
    La complicité qu’il noue avec Éliot est troublante et émouvante, parce que ce dernier, constate que Yannis est doté d’une grande intelligence. Il montre un intérêt certain aux principaux mythes et dieux grecs qu’Éliot lui raconte.
    Des personnages secondaires, sont tous très intéressants comme le prête, Grigoris le cafetier, la journaliste etc.
    Nous sommes confrontés également à la politique. Les comptes falsifiés, les dessous-de-table etc...mais toujours avec un regard juste et clairvoyant.

    L’auteur aborde avec finesse la rencontre de plusieurs êtres en souffrance, les chapitres bien différenciés nous content chacun une histoire.
    L’auteur aborde l’autisme avec délicatesse, avec une belle écriture, fluide et sobre. 


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  • Commentaires

    1
    Vendredi 3 Juillet 2020 à 20:51

    Un sujet qui m'intéresse et un livre que je ne connais pas du tout. Une belle découverte apparemment...

    Bon weekend. 

      • Lundi 6 Juillet 2020 à 20:50

        Bonsoir Philippe. L'autisme est évoqué avec justesse, tendresse et optimisme. Ce livre pourrait te plaire en effet. De plus il est très vite lu. 

        Bonne soirée

    2
    Lundi 6 Juillet 2020 à 10:30
    Alex-Mot-à-Mots

    J'avais beaucoup aimé la façon qu'a l'auteur d'aborder l'autisme.

      • Lundi 6 Juillet 2020 à 20:51

        Tu as raison Alex, un livre fort émouvant. Qui traite de la différence avec grandeur. 

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