• « Le liseur du 6h27 » de Jean-Paul DIDIERLAURENT

    Le liseur de 6h27 de Didierlaurent


    Titre : « Le liseur du 6h27 »
    Auteur : Jean-Paul DIDIERLAURENT
    Genre : Roman
    Éditions : Au diable Vauvert
    Année : 2014
    Nombre de pages : 217

    Quatrième de couverture :

    «Peu importait le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importance à ses yeux. Il débitait les textes avec une même application acharnée. Et à chaque fois, la magie opérait. Les mots en quittant ses lèvres emportaient avec eux un peu de cet écœurement qui l'étouffait à l'approche de l'usine.»

    Guylain Vignolles est préposé au pilon et mène une existence maussade et solitaire, rythmée par ses allers-retours quotidiens à l'usine. Chaque matin en allant travailler, comme pour se laver des livres broyés, il lit à voix haute dans le RER de 6H27 les quelques feuillets qu'il a sauvé la veille des dents de fer de la Zerstor 500, le mastodonte mécanique dont il est le servant.
    Un jour, Guylain découvre les textes d'une mystérieuse inconnue qui vont changer le cours de sa vie...

    Dans une couleur évoquant le cinéma de Jean-Pierre Jeunet ou la plume ouvrière de Jean Meckert, Jean-Paul Didierlaurent signe un premier roman qui nous dévoile l'univers d'un écrivain singulier, plein de chaleur et de poésie, où les personnages les plus anodins sont loufoques et extraordinaires d'humanité, et la littérature le remède à la monotonie quotidienne.

    Mes impressions :

    Malgré un départ un peu lent ce petit livre est rempli de bonnes surprises et m'a laissé au final un goût de plénitude.

    Ce roman qui fleure bon la tendresse nous emmène dans l’univers de Guylain Vignolles, fonctionnaire qui travaille dans une usine ; la STERN : Société de Traitement et de Recyclage Naturel. Sa profession consiste à faire fonctionner une broyeuse de livres, au curieux nom de Zerstor 500, l'origine de cette appellation nous sera d'ailleurs expliquée. Cette broyeuse, aplatie, pile, écrabouille, déchire, hache, lacère, déchiquette, malaxe, pétrit, ébouillante, les invendus, les livres qui n'ont pas fait l'unanimité, les vieux, les usés, ceux qui n'ont pas trouvé place sur une étagère familiale, ou qui ont été tirés en un trop grand nombre...Ils vont laisser la place aux nouveautés et quelques-uns de ces derniers sans aucun doute iront rejoindre leurs prédécesseurs, triste sort. Cette pratique ne laisse pas insensible Guylain qui ressort souvent de ses journées de travail à l'agonie, jusqu'à la nausée.

    Pourquoi ce titre de livre ? Parce que Guylain est le liseur , « ce type étrange qui tous les jours de la semaine, parcourait à haute et intelligible voix les quelques pages tirées de sa serviette. Il s'agissait de fragments de livres sans aucun rapport les uns avec les autres …/... peu importe le fond pour Guylain. Seul l'acte de lire revêtait de l'importante à ses yeux »

    Dans son petit monde il y a le gardien, Yvon Grimbert petit homme passionné par les livres qui déclame et récite à longueur de journée des tirades littéraires, des alexandrins....
    Félix kowalski qui est le patron, un être sans pitié, avisé, aviné et sadique.
    Brunner Lucien l'apprenti, est un jeune homme de 25 ans, révolté, arrogant, dédaigneux et condescendant.
    Et puis il y a Giuseppe, l'ami qui a eu un grave accident avec Zerstor 500, désormais handicapé.
    Guylain vit seul avec son poisson rouge Rouget-de-Lisle.

    Chaque matin en allant à l'usine, dans le RER il sort de sa sacoche quelques feuillets dont il a réussi à extirper de la broyeuse et en lit le contenu aux voyageurs attentifs.
    Il donne à ses lignes oubliés, une seconde vie, une seconde jeunesse comme il le fera avec les sœurs Monique et Josette Delacôte qui viennent vers lui un jour pour lui demander un service....
    Ces personnages sont singuliers, parfois curieux, et l'auteur nous les décrit précisément. Si certains sont exécrables d'autres sont très attachants, comme Guylain.
    Il est prévenant, gentil, il a bon cœur. Même son isolement ne le laisse pas aigri.
    Et puis un matin l'amour va entrer alors dans sa vie de façon particulière mais je n'en dirai pas plus au risque d'enlever toute la magie aux futurs lecteurs....

    Ce livre s'adresse surtout aux amoureux des livres mais pas que !. Avec chaleur et une tonalité toute douce, l'auteur nous plonge dans un conte actuel, contemporain, où l'isolement est le maître mot.
    Mais cette solitude de tous les personnages, va éclater pour laisser libre cours à la fantaisie.
    Le récit prend une tournure inattendue joviale au quart du roman et j'ai apprécié ce changement de rythme.
    Que nous dit ce roman ? Que rien n'est figé, chaque jour peut apporter son lot de petites satisfactions. Soyons attentifs.

    Je le referme avec un sourire aux lèvres, me disant que la vie parfois peut prédire d'agréables promesses et faire de belles surprises, même si au départ, rien ne prédisposait à une telle conclusion. Il fleure bon la tendresse.
    Il se termine sur une note émotive, douce et pleine d'espoir. Il réconcilie avec la vie.
    Ce roman est émouvant car il fait appel aux relations, à l'humanité, aux simplicités de la vie qui peuvent parfois nous chambouler.

    À lire sans modération, d'autant plus que ce texte est assez court et on s'y laisse embarquer.

     


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 9 Novembre 2014 à 19:59

    Un livre que j'ai déjà rencontré sur plusieurs blogs.

    Un livre plein de tendresse qui parle de lecture, ça pourrait me plaire.

    Bonne semaine. 

    2
    Lundi 10 Novembre 2014 à 12:18

    @Philippe, Oui je conseille la lecture de ce livre à tous, il m'a enchantée.

    3
    Jeudi 13 Novembre 2014 à 18:20
    Alex-Mot-à-Mots

    Il ne me disait trop rien, mais finalement.....

    4
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 07:39

    @Alex, si tu le lis, au début c'est un peu spécial mais tu verras qu'au fil de ta lecture, tu trouveras de bonnes raisons d'avoir ouvert ce livre et puis il est très très vite lu...

    5
    Vendredi 14 Novembre 2014 à 15:43
    Laeti

    J'aime les livres qui parlent de lecture ou d'écriture... Je me le note

    dommage pour Guylain qu'il ne puisse pas récupèrer des livres entiers et cette machine infernale... D'ailleurs je ne m'étais jamais posé la question de savoir ce que deviennent les invendus... Quel gâchis.

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    6
    Lundi 24 Novembre 2014 à 23:18

    Il est inscrit à ma liste celui-ci.

    7
    Mardi 25 Novembre 2014 à 08:54

    Alors j'espère qu'il te plaira et que tu viendras nous en parler...

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