•  Esprit d'Hiver

    Auteur : Laura KASISCHKE
    Genre : Roman
    Éditions : Bourgois
    Année : 2013
    Nombre de pages : 276

    Quatrième de couverture :

    Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d'angoisse inexplicable. Rien n est plus comme avant. Le blizzard s est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant...

    Mes impressions :

    Quel angoissant roman ! sans doute parce que je ne m'attendais pas à une telle histoire. J'ai choisi cette lecture en fonction de la quatrième de couverture qui ne mentionne pas l'un des thèmes traités. J'ai découvert dès les premières pages que dans le fond, il s'agissait d'une histoire d'adoption et dans la forme, de la relation entre la mère et la fille adoptive. Sujet qui me touche particulièrement puisque j'ai une enfant adoptée à l'âge de 6 mois et qui a aujourd'hui bientôt 11 ans.

    Holly se réveille le matin de Noël avec un sentiment étrange et diffus pourtant palpable, « quelque chose les a suivi jusque chez eux depuis la Russie... » ; Éric et Holly ont adopté, 13 ans, plus tôt dans un orphelinat de Sibérie, une petite fille de deux ans, qu'ils ont prénommé Tatiana.
    Le mystère plane sur ce qui s'est passé entre la première rencontre de Tatiana avec ses futurs parents et les 13 ans qui ont suivi, jusqu'à ce matin de Noël...
    Le récit est racontée à partir des sensations de Holly.
    En ce matin de Noël les Clare se réveillent tard après avoir sans doute abusé de boissons alcoolisées. Holly est imprégnée encore de son rêve qui la laisse confuse et déroutée. Il la hante. Elle se souvient d'avoir reçu un message perturbant et une information inquiétante..
    Tattie est prête depuis longtemps, habillée et maquillée, pour le repas de Noël en famille.
    Tandis qu'Éric part pour l'aéroport chercher ses parents, la mère et la fille se retrouvent seules mais la tension monte entre la mère et la fille.
    Ce huis clos renferme un univers oppressant. Le suspense va crescendo avec des appels en numéro masqué sur le mobile d'Holly, des accidents domestiques, des colères entre Holly et sa fille adoptive. Tatiana se conduit étrangement mais n'est-ce-pas le lot de tous les ados ? Holly quant à elle tente de comprendre pourquoi sa fille est perturbée. Le serait-elle à cause de Tommy son petit copain ?.
    Tattie et Holly deviennent agressives l'une envers l'autre et la fragilité psychologique de la mère ainsi que son mal être sont transparents.
    Holly range les soucis hors du commun ou presque dans les tragédies, elle se raconte et raconte des événements, des épisodes pour le moins curieux, et les traduits avec ses propres significations.
    Et puis souvent elle fait référence à son besoin jadis écrire, elle tenait un genre de journal, mais ne le fait plus par manque de temps pourtant elle aurait dû continuer, je pense que ces mots couchés sur papier l'auraient aidée à exulter ses angoisses et ses déprimes.

    Au fur et à mesure que nous avançons dans la lecture, la nervosité, l'hostilité entre Holly et sa fille sont de plus en plus présentes.
    Holly est assaillie par des souvenirs d'enfance, ceux de sa fille, mais également des souvenirs de ses propres parents, et de sa propre enfance ; les descriptions sont détaillées, précises, où veut-elle en venir ?
    Éric et ses parents tardent à rentrer à cause du blizzard, la tempête les en empêche mais surtout sa mère a eu un malaise et se retrouve à l'hôpital. Voilà ce qu'il annonce par téléphone à Holly. Cette dernière est parcourue par le sentiment de culpabilité. Ne devrait-elle pas le rejoindre malgré la tempête ? Éric lui demande à elle de ne pas sortir par sécurité mais alors pourquoi les frères d'Éric eux, y sont allés ?. Ce sentiment va en engendrer d'autres, plus tenus, plus intimes. Notamment le rejet, l'abandon. Le fait de ne pas se sentir à sa place.
    On sent une Holly de plus en plus perturbée. Peu à peu elle décrit ce qui se passe entre elle et sa fille mais le lecteur va être confronté au doute, est-ce qu'elle invente, imagine ? Ou bien ces événements se passent- ils vraiment ?
    Holly et Tattie, finissent par se quereller de plus en plus fort, à crier ; Holly trouve sa fille insolente, orgueilleuse, irrespectueuse, mais c'est une adolescente....elle suppose que le comportement de Tatiana est une arme contre elle...et alors ça dérape de plus en plus....

    Ce roman me laisse bouleversée, la fin est tellement triste, tellement déroutante que j'en ai eu les larmes aux yeux ! Un livre fort et tragique qui m'a beaucoup touchée.
    Ce roman est glacial, mais il nous permet de réfléchir sur les conséquences des non-dits et sur la remémoration parfois des souvenirs enfouis, que l'on a soigneusement occultés pour ne pas souffrir...et pour ne pas s'avouer la réalité parfois trop dure !
    L'esprit de fête de Noël est remplacé par un esprit d'hiver glacial....
    Une histoire qui reste déchirante mais fort bien écrite. L'alternance entre le passé et le présent, les faits et les informations distillés avec parcimonie, entretiennent l'intérêt de la lecture et l’efficacité d'un suspense envoûtant.

     


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  •  Le chemin de Peyrelongue

    Titre : « Le chemin de Peyrelongue »
    Auteur : Gilbert BORDES
    Genre : Roman court en gros caractère
    Éditions : Libra Diffusio
    Année : 2007
    Nombre de pages : 90

    Résumé :

    La Seconde Guerre mondiale est terminée. Pierre Lestange revient au pays, près de Brive, après des années passées en Allemagne comme prisonnier. Paul, son jeune frère, a été fusillé par les Allemands.
    Le retour sur le domaine familial de Peyrelongue n'est pas aussi facile qu'il y paraît. En effet, il a connu, là-bas, une jeune Allemande, Astrid... et monsieur Antoine, son père, qui a toujours tout dirigé, ne peut accepter cela : Jamais une Allemande n'entrera à Peyrelongue, déclare-t-il en détachant bien ses mots. Pierre Lestange réussira-t-il à sauver son amour et à garder le domaine de famille ? C'est un roman profondément humain et généreux que nous livre ici Gilbert Bordes, un roman dans lequel on retrouve cet amour de la terre et de la nature qui sous-tend toute son œuvre.

    Mes impressions :

    Ce texte se lit très vite et j'ai eu du mal à le ranger dans une catégorie, j'ai hésité entre « nouvelle » et « roman ».
    Je regrette qu'il soit si court, mais malgré cela l'auteur fait passer de l'émotion.
    On retrouve les thèmes chers à Gilbert BORDES, son identité : la terre, la période Guerre, l'héritage culturel et financier, la filiation, les secrets, les relations familiales, avec parfois la confrontation et le deuil d'un enfant chéri.
    Le style est toujours aussi agréable, on se plonge dans l'histoire comme dans un canapé et on n'ose pas en sortir. Les personnages sont profonds, ils sont parfois peu démonstratifs mais il faut lire entre les lignes alors on saisit toute leur complexité.
    Bien sûr j'ai aimé cette histoire bien que déjà traitée plus ou moins bien, pour l'époque  : trahison, amour, filiation, famille....

    La détermination d'Antoine le père, et celle de Pierre le fils, malgré son sentiment de trahison, puis le rejet du père et les commérages des gens du village font de ce livre un condensé d'humeur et de profondeur.
    Et je le recommande aux lecteurs qui apprécient cet auteur.

    BORDES Gilbert, Le porteur de destins
    BORDES Gilbert, Le silence de la Mule
    BORDES Gilbert, Le chat derrière la vitre
    BORDES Gilbert, Les Terres brûlantes
    BORDES Gilbert, Juste un coin de ciel bleu
    BORDES Gilbert, Le voleur de bonbons

    BORDES Gilbert, Les vents de la liberté


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  • La vie en mieux

    Titre : « La vie en mieux »
    Auteur : Anna GAVALDA
    Genre : Roman
    Éditions : La dilettante
    Année : 2014
    Nombre de pages : 288

    Résumé :

    Mathilde a 24 ans. Elle a abandonné ses études d'histoire de l'art pour un petit boulot sans intérêt et vit en colocation avec deux sœurs jumelles. Elle dit qu'elle est heureuse, mais est toujours obligée de boire pour s'en souvenir.
    Un jour, elle oublie son sac à main dans un café.  Un homme le lui rend la semaine suivante.
    Plusieurs mois plus tard et à cause de cet homme justement, elle envoie tout balader et décide de changer de vie.

    Yann a 26 ans. Il est aussi diplômé qu'on puisse l'être, mais n'a pas trouvé de travail. En attendant des jours meilleurs, il est vendeur dans un magasin d'électroménager Hi-Tech. Il vit en couple avec Mélanie et ne dit pas qu'il est malheureux, mais souvent, quand il traverse la Seine, il s'imagine qu'il saute et se voit en noyé.
    Un soir, alors qu'il est seul, il rend service à son voisin de palier. Pour le remercier ce dernier l'invite à dîner.
    Le lendemain matin, il envoie tout balader et décide de changer de vie.

    Deux histoires. Deux histoires de jeunes gens de notre temps, repus, mais affamés, polis, mais enragés, qui préfèrent encore prendre le risque de se tromper de vie plutôt que de n'en vivre aucune. » (Anna Gavalda)

    Mes impressions :

    Ce roman a été pour moi assez déroutant, d'abord par le style différent des deux histoires, celle de Mathilde et celle de Yann et puis parce que l'auteur semble-t-il survole les états d'âme de ces deux personnages. Je pense que cela est voulu, sans doute a t-elle voulu retranscrire à leurs images, leurs interrogations, leurs remises en questions existentialistes soudaines suite à la rencontre d'un couple avec enfant pour l'un et l’obsession récurrente pour l'autre de retrouver l'homme assez étrange qui s'est intéressé à elle peu de temps et qui lui a rendu son sac sans l'avoir ouvert (dit-il !) et sans rien avoir subtilisé. Suite à ces rencontres, tous les deux, subitement décideront de changer de vie....
    Mathilde est victime du vide de l'existence, elle a 24 ans, elle écrit de faux commentaires sur le net pour son beau-frère, activité peu reluisante....Elle était alors étudiante en histoire de l'art quand elle choisit d'abandonner.
    Parallèlement, elle cherche, ou plutôt attend l'amour. Son discours est noir, sombre, surtout sur la société mais je note un certain réalisme. Elle donne son point de vue sur la vie, son but de manière générale et en particulier.

    Elle partage 110 m2 avec 2 sœur jumelles, Pauline et Julie.
    On verra au fur et à mesure des pages qu'elle souffre de l'absence de sa mère....mais je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler.
    C'est une jeune femme paumée, désorientée qui va perdre une grosse somme d'argent confiée par les sœurs jumelles, devant servir à l'origine pour des travaux dans le logement qu'elle loue avec ses deux colocataires.
    Mais cet argent n'est qu'un prétexte pour servir l'intrigue, elle va alors faire la connaissance furtive d'un cuisinier ; tous les deux se comprennent même sans se connaître ni se parler vraiment ; puis elle le perdra de vue mais continuera d'espérer le retrouver pour le revoir. Son acharnement durera des jours, des semaines, des mois.
    Mathilde croit que tout les oppose et pourtant....
    Mathilde est une écorchée vive, mal dans sa peau, dépressive, elle attend que la vie passe... Jusqu'à cette rencontre avec ce cuisiner pour le moins étrange...

    L'écriture est stylée, rythmée, hachée, les phrases sont courtes, parfois légères, elles se succèdent parfois en accéléré ; le texte est rempli d'expressions de jeunes, actuelles.
    Malgré cela j'ai l'impression de faire du surplace, pas grand chose ne se passe dans ce récit, si ce n'est la description d'un mal être profond mais somme toute survolé je trouve.

    Yann quant à lui, a une amoureuse mais il s'apercevra en faisant connaissance avec la famille du dessus, un couple mal assorti avec deux fillettes, qu'il passe lui aussi à côté de sa vie, et qu'il ne sait pas encore où l'attend la sienne... À 26 ans, il est paumé également, travaille par nécessité et non pas par plaisir, il est diplômé d'une école de design et il est démonstrateur de petits robots coréens. Il se pose plus de questions existentialistes ; pour le style, les phrases sont plus longues, il est moins dans la tourmente que Mathilde, il est plus dans l'objectivité, plus dans l'instant
    Perturbé au contact d'Isaac son voisin et sa famille, il se rend compte combien il est difficile d'être soi, puis de le rester ...
    Alors, il va prendre des décisions radicales  et tout va changer, on suppose, pour lui et son avenir.

    Les textes pourraient être plus intenses mais je les ai trouvé assez sommaires. Ou alors je n'ai pas compris la subtilité de l'auteure.
    Les deux portraits désignent des personnages en mal de vivre, en attente de quelque chose et se posent des questions quant à la nécessité de leur vie, et de la vie en général.
    Je me suis quand même attachée aux deux parce qu'ils dépeignent des personnalités présentes dans la société d'aujourd'hui....


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  • La dernière fugitive

    Titre : « La dernière fugitive »
    Auteur : Tracy CHEVALIER
    Genre : Roman (historique)
    Éditions : Quoi Voltaire (Ebook)
    Année : 2013
    Nombre de pages : 384

    Quatrième de couverture :

    Quand Honor Bright se décide à franchir l'Atlantique pour accompagner, au cœur de l'Ohio, sa sœur promise à un Anglais fraîchement émigré, elle pense pouvoir recréer auprès d'une nouvelle communauté le calme de son existence de jeune quaker : broderie, prière, silence. Mais l'Amérique de 1850 est aussi périlleuse qu'enchanteresse ; rien dans cette terre ne résonne pour elle d'un écho familier. Sa sœur emportée par la fièvre jaune à peine le pied posé sur le sol américain, Honor se retrouve seule sur les routes accidentées du Nouveau Monde. Très vite, elle fait la connaissance de personnages hauts en couleur. Parmi eux, Donovan, «chasseur d'esclaves», homme brutal et sans scrupules qui, pourtant, ébranle les plus profonds de ses sentiments. Mais Honor se méfie des voies divergentes. En épousant un jeune fermier quaker, elle croit avoir fait un choix raisonnable. Jusqu'au jour où elle découvre l'existence d'un «chemin de fer clandestin», réseau de routes secrètes tracées par les esclaves pour rejoindre les terres libres du Canada. Portrait intime de l'éclosion d'une jeune femme, témoignage précieux sur les habitudes de deux communautés méconnues - les quakers et les esclaves en fuite -, La Dernière Fugitive confirme la maîtrise romanesque de l'auteur du best-seller La Jeune Fille à la perle.

    Mes impressions :

    Tout d'abord je tiens à remercier Laeti qui m'a permise de découvrir ce roman et vous trouverez son avis ICI

    L'auteur dans ce roman nous dresse une trame historique de l'État d'Ohio, en 1850.
    Elle nous dresse aussi le portrait général des « Amis ». Les Quakers comme on les nomme, qui sont les membres de cette société religieuse anglicane.
    La société religieuse des Amis est un mouvement religieux fondé en Angleterre au XVIIe siècle. Elle est une confession du christianisme. Georges Fox en serait le principal fondateur.

    Honor Bright jeune femme choisit de quitter l’Angleterre après une déception amoureuse.
    Elle accompagnera sa sœur Grâce, en Amérique. Elle, va rejoindre son futur mari Adam Cox qui vit avec son frère et sa belle-sœur.
    La traversée durera 1 mois et sera rude, Honor n'a pas le pied marin. Elle sait alors qu'elle ne pourra pas faire le trajet inverse.
    Quelques jours après, tout juste le pied posé en Amérique sa sœur décède de la fièvre jaune. Malgré le chagrin, Honor décide de continuer et de se rendre chez Adam
    Avant d'arriver à destination, sur la route elle croise le chemin de Belle, modiste douée qui va la familiariser à plusieurs techniques, elle va apprendre et devenir une experte en couture.
    Elle fait aussi la connaissance de Donavan, le frère de Belle qui est un jeune homme « coquin » et peu recommandable. Et qui a une particularité professionnelle, celle de chasser les esclaves.
    L'amitié qui lie les deux jeunes femmes va être mise à rude épreuve mais elle sera inébranlable.

    L'histoire ici se déroule sur un peu plus d'un an.
    Honor la petite citadine, bien sage va rencontrer des personnages tous différents les uns et des autres. Elle ne sera pas bien accueillie dans la famille d'Adam, car elle n'était pas attendue.
    Elle rencontrera et épousera très vite un fermier. Elle va devoir s'affirmer devant ses beaux-parents, entre autres. Son caractère va se forger face à ce qu'elle voit notamment à propos de la clandestinité, et va devenir une femme forte avec des croyances qui vont se modifier au fur et à mesure qu'elle prendra connaissance de la cause des esclaves en particulier et celle de son organisation religieuse en général. Elle va donc voir évoluer ses mentalités, ses valeurs et devra faire des choix.
    L'auteur se sert de la métaphore de création des quilts qui est différente entre Angleterre et en Amérique pour servir une histoire de différence de deux pratiques religieuses portant pourtant le même nom mais qui diffère au cœur des pratiques et des principes.
    Les principes sont plus tenus en Angleterre et Honor va devoir s'adapter ou créer son propre style de couture et/ou de vie.
    Elle devra se confronter à d'autres personnes qui ne pensent pas comme elle, et se faire sa propre opinion, notamment sur la ressemblance des hommes, sur la place des gens de couleur au sein de la communauté blanche tout en restant fidèle à ceux de sa propre communauté des Quakers. Mais y parviendra-t-elle ? Ou devra-t-elle renoncer à quelques-unes des valeurs qu'elle défendait auparavant afin d'être conforme aux siennes désormais ?
    Le principal questionnement fait référence à l'esclavage ; Elle va apprendre qu'en Amérique les hommes ne naissent pas tous égaux. Pourtant les Américains prônent la fin de l'esclavage alors qu'en réalité ils l'acceptent, d'ailleurs ils ne viennent pas en aide aux esclaves fugitifs.
    Honor, offre des repas, aux noirs qui passent devant la ferme des Haymaker, elle va contre l'interdiction de ses beaux-parents; son attitude engagée fera l'objet de heurts.
    Honor va devoir décider de ce qu'elle espère, et pour cela elle va souhaiter transformer certaines règles qu'elle juge n'être pas conformes aux règles de sa communauté. Elle va vouloir changer les mœurs et ira jusqu'à se mettra en danger, courageusement pour défendre la valeur de la vie et des hommes et leurs différences. Elle ira au bout de sa logique et de ses nouvelles convictions.
    Les lettres qu'Honor adresse régulièrement à ses parents et à sa meilleure amie restés en Angleterre, nous racontent clairement ses pensées et ses intimes convictions . Elles résument en quelque sorte ce que vit Honor et comment elle le ressent. Elle se livre, écrit ce qu'elle voit, ce qui l'entoure, et dénonce l'esclavage. La petite citadine naïve va devenir une jeune femme plus sûre d'elle, plus radicale et argumentera avec son cœur, son humilité, son humanité et sa logique de cœur. Elle deviendra engagée, motivée.

    Ce roman est écrit avec clarté, sans légèreté mais au contraire avec profondeur et un style limpide malgré l'époque narrée; moi qui n'aime pas les romans historiques je l'ai trouvé intéressant et enrichissant, sans doute parce qu'au-delà des faits et en deçà de ceux-ci on y apprend la vie des quakers en Angleterre, leurs idées, leurs principes, sans lourdeurs, sans longueurs. L'auteur défend une idée sans s'appesantir sur les faits, elle les romance. C'est donc un récit d'apprentissage romancé. Il y est question de moralité, de vie sociale et sentimentale.
    L'amitié entre Belle et Honor est majestueusement décrite, toute en finesse, malgré leurs divergences de points de vue elles vont apprendre à se connaître, à se tolérer.
    Dans ce livre on apprend également beaucoup de choses sur la façon de coudre, sur les quilts, et les méthodes du patchwork qui se pratiquent différemment selon les régions, alors avis aux amatrices.
    Ce roman n'est pas pour moi un coup de cœur mais reste une lecture agréable.


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  •  La vie malgré tout de Sara Macdonald

    « La vie malgré tout » de Sara MACDONALD

     

    Titre : « La vie malgré tout »
    Auteur : Sara MACDONALD
    Genre : roman
    Éditions : Belfond
    Année : 2009
    Nombre de pages : 444

    Quatrième de couverture :

    Comment se remettre de la disparition de ceux que l'on aime ? Une magnifique histoire d'amour et de renaissance, qui nous plonge au cœur des rouages les plus subtils de l'amitié féminine et des liens familiaux.
    À trente ans, rien n'aurait pu préparer Jenny à la tragédie qui allait la frapper. Styliste londonienne reconnue et femme comblée, quand son mari et sa petite fille de deux ans sont tués au cours d'un attentat, c'est tout son univers qui vole en éclats.
    Inconsolable, Jenny se réfugie dans le travail. Lors d'un déplacement professionnel, elle retrouve Ruth, une amie d'enfance perdue de vue depuis que celle-ci a quitté brusquement leur village de Cornouailles, à dix-sept ans à peine...
    Tandis que leur amitié renaît, les secrets du passé affleurent et Jenny fait la connaissance du fils de Ruth, Adam, un adolescent de treize ans, qui lui rappelle étrangement son mari disparu...
    Commence alors pour les deux amies et leurs familles une relation complexe qui va les lier plus profondément qu'elles ne l'auraient imaginé...

    Mes impressions :

    Février 2006, Jenny va mal, cachée des regards des autres, elle épie Adam près de la rivière où il pêche ; puis par désespoir elle tente de se suicider ; la remarquant Adam court chercher du secours auprès de sa mère Ruth...Fin de la parenthèse.
    Puis retour sur les mois qui ont précédé cet épisode...
    Nous découvrons alors peu à peu les protagonistes de ce roman : Jenny, Adam, Ruth, Florence, Danielle, Tom et Rosie....

    Août 2005, Jenny est mariée à Tom lequel travaille pour l'armée, il est militaire, dans le secret défense, Jenny est styliste. Leur petite fille de 16 mois se prénomme Rosie.
    Florence leur amie et Danielle leur associée travaillent avec eux, dans un atelier de couture et de confection.
    Danielle et Jenny créent des modèles de vêtements. Tom, en plus de son métier difficile, les aide dans la gestion de leur entreprise.
    Ils partagent tous la même maison à Londres et sont heureux.
    James et Béa les parents de Jenny vivent en Cornouailles.
    Tous, avaient une vie paisible jusqu'à ce qu'un drame eût lieu : Tom et Rosie, meurent dans des circonstances dramatiques. Leur voiture a été piégée. Suite à cela, la vie de Jenny et de tous ceux qui l'entourent de près comme de loin en sera totalement bouleversée.
    Page après page nous allons comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire douloureuse mais superbement écrite.
    L'histoire tourne autour de Ruth de son fils Adam et de Jenny.
    Elles étaient les deux meilleures amies d'enfance puis se sont perdues de vue lorsque Ruth découvre à 17 ans qu'elle est enceinte, ses parents la répudient et l'envoie chez sa tante Sarah. Jenny ignorait la cause de cet éloignement soudain et inattendu.
    Elles se revoient donc 14 ans après, par hasard, dans un train. Six mois après la mort de Tom.
    Ruth travaille et vit à Birmingham avec Adam et Peter le beau père.
    Elle est acheteuse principale pour la société Fayad, chaîne de boutiques de prêt à porter et elle donne des conférences sur la gestion d'entreprise ; elle est douée pour les relations publiques : démarcher et vendre, voilà ce qu'elle sait faire de mieux.
    Tout irait bien mais pourtant Adam, un adolescent posé, n'apprécie pas son école publique, il s'y sent mal. Il souhaite en changer mais sa mère n'est pas d'accord malgré l'appui de Peter pour son beau-fils.
    En se retrouvant dans ce train, Ruth et Jenny vont comprendre qu'elles sont depuis toujours liées par le destin....
    L'arrivée de Ruth et d'Adam va affecter de façon radicale la vie respective de tous.
    Depuis la découverte de ses origines biologiques, Adam est désorienté. Il est le centre des vies de Ruth et de Jenny. Leur amitié alors sera mise à rude épreuve. Qu'en restera-t-il ?
    Et puis il y a les secrets de l'une et de l'autre, sur leur vécu intime et personnel, qui vont profondément marquer leurs relations. Il y aura de non-dits, de la rivalité passée et présente et beaucoup de souffrance.
    Quelques temps après s'être reposée chez ses parents, Jenny décide de rester quelques mois en Cornouailles, dans une maison qu'elle va louer ; dans le but d'apprivoiser la mort de son mari et de sa fille, et de se reconstruire. Ruth se voit proposer alors par Danielle un emploi dans leur atelier en tant que chargée de clientèle ; elle accepte la proposition espérant commencer une nouvelle vie avec son fils puisque Peter a décidé de la quitter.
    Cependant, le passé va rattraper tous les personnages, et le dernier rebondissement inattendu sur les circonstances de la mort de Tom et de de Rosie permet de terminer cette histoire de façon presque imprévisible et touchante. L'épilogue heureux rend ce roman touchant et émouvant.

    Ici il est question de complexité, de confusion des sentiments, d'ambiguïté des relations.
    L'auteure alterne le passé et le présent. Elle écrit à la troisième personne, mais inclue également la voix de Jenny dans la narration.
    Elle maîtrise bien le récit, elle s'attarde, se concentre sur les sentiments et les répercussions des émotions, et nous les présente parfois de manière torturée. Difficile. Compliquée. Elle ne se concentre pas sur la description des faits. Ce qui pour moi est un avantage qui accroît l’intérêt.
    Sara MacDonald joue avec perfection sur l'ambivalence des sentiments des uns et des autres ; elle sait nous émouvoir, nous interroger, elle nous incite à nous mettre à la place de ses personnages, à souffrir avec eux, à penser, à réfléchir : il y a un mélange d'amour, d'amitié, de haine, sur fond de filiation.
    La psychologie des personnages dans ce roman est réellement prenante, intéressante ; elle tient une place importante et non des moindres.

    Nous sommes parfois confrontés au passé. Avons-nous tous des fantômes dans nos placards ? Choisit-on son destin ? Est-ce que nous nous appliquons à la modifier, ou le subissons-nous ? !
    Personnellement, je pense que rien n'est définitif, ni les événements ni les relations, tout n'est pas écrit, nous pouvons les faire évoluer, les accepter, les refuser, à nous parfois de choisir le cours de notre destin, de le prendre en main et tenter de faire au mieux.
    Ce livre est un coup de cœur !


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